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Si l’on vous demandait de fermer les yeux et de penser à une Alpine, de quelle couleur serait-elle ? Il y a fort à parier qu’elle serait bleue… Dans l’inconscient collectif, cette couleur est, en effet, directement associée à la marque sportive de Renault Group. Il est vrai qu’elle a intimement accompagné les performances de ses modèles, aussi bien sur la route qu’en compétition. Directeur du Design de la marque Alpine, Antony Villain nous explique toutefois qu’il n’y a pas vraiment un unique bleu Alpine…
Pour Alpine, le bleu, c’est plus qu’une couleur. C’est un territoire !
Antony Villain, Directeur Alpine Design
Pourtant, au départ, les premières Alpine n’étaient pas spécialement bleues. Lorsque Jean Rédélé présente au P-DG de Renault, Pierre Dreyfus, ses premières productions dans la cour de l’usine de Billancourt à l’été 1955, il recourt à une palette chromatique variée : une voiture bleue, une blanche et une rouge. Et lorsqu’il l’engage en compétition, la petite A106 est parfois blanche, ou bleu pâle mais pas encore bleu métallisé. De même, les Alpine de route sont plus souvent commandées en rouge, en blanc ou en jaune, plutôt qu’en bleu.
Ce n’est qu’avec la berlinette A110, que le bleu métallisé, qui va bientôt devenir emblématique, fait son apparition. Il semblerait d’ailleurs que ce soit à la demande particulière d’un client désireux de voir son A110 peinte dans un bleu dénommé Panama. Jacques Cheinisse, futur directeur sportif de la marque mais alors simple commercial chez Alpine et par ailleurs pilote amateur à ses heures perdues, aurait alors repéré ce bleu et l’aurait demandé aussi pour l’A110 qu’il commande début 1963 et qu’il engage en rallye. Un choix viral qui est bientôt appliqué à toutes les berlinettes de l’équipe officielle, ravie de faire briller en compétition les couleurs nationales, comme cela se pratique de manière formelle en Grand Prix jusqu’en 1967 (bleu pour la France, rouge pour l’Italie, vert pour la Grande-Bretagne, blanc puis argent pour l’Allemagne, etc.). Une association chromatique légendaire est née…
Ce bleu Alpine métal, longtemps référencé sous le code RE 331, n’est pas le seul bleu proposé par Alpine à ses clients à l’époque. Il y a aussi le « bleu Azur métal », le « bleu acier métal », le « bleu Pacifique métal » ou le « bleu Estoril métal », par exemple, qui figurent au catalogue parmi bien d’autres teintes. « En effet, il n’y a jamais eu un seul bleu Alpine » confirme Antony Villain. « Et à l’époque, à Dieppe, il y avait aussi beaucoup de jaunes, de rouges, d’orange… ». C’est d’ailleurs dans un magnifique vert normand métal que sort d’usine la dernière A110 produite en 1977.
Les exploits sportifs de la berlinette (et le tarif moins couteux de cette référence !) rendent très populaire le bleu métallisé auprès des clients. « A un tel point que, dans les années 80, beaucoup d’Alpine qui n’étaient pas bleues à l’origine, ont été repeintes de cette couleur par leur propriétaire. Il y a aujourd’hui bien plus de berlinettes bleues qu’il n’y en avait à l’époque ! », confirme Antony Villain. A l’époque, le bleu métallisé représentait au mieux 30 % des commandes.
En 2012, lorsque Renault décide de célébrer en grandes pompes les 50 ans de la berlinette avec le concept-car A110-50, c’est naturellement un bleu métallisé qui a été choisi. « Il a été accueilli comme le bleu Alpine iconique mais c’était une nouvelle teinte », affirme Antony Villain. « A la recréation d’Alpine, l’une des premières missions a été de décorer l’Alpine courant en endurance. Le temps était compté et nous avons repris ce bleu que l’on décline depuis. »
Une déclinaison qui se retrouve aujourd’hui sur les A110 de route mais aussi sur l’A480 de l’Alpine Elf Matmut Endurance Team et sur l’A521 d’Alpine F1 Team. Il s’agit d’une version spécifique, un peu plus claire, réalisée en collaboration avec les ingénieurs d’Enstone – le siège de l’équipe de Formule 1. Avec un but précis : mieux ressortir sur l’asphalte des circuits et donc à l’image, tout en rendant les sponsors plus visibles.
Le directeur du Design Alpine et ses collaborateurs peuvent laisser libre cours à leur créativité : « Notre but, en tant que designers, est de projeter cette image dans le futur. C’est une belle palette pour nous. Le bleu est un ancrage qui est déclinable à l’infini. Il n’est pas figé. C’est ce qui est intéressant. C’est un challenge de trouver de nouvelles vibrances, de nouveaux traitements, de nouvelles profondeurs… Il faut s’adapter aux époques et aux nouvelles technologies. » Le déploiement de la future gamme d’Alpine pourrait bien nous réserver quelques surprises chromatiques…